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Quand tu veux que tout s’arrête autour de toi

Il n’y a pas si longtemps, tu te réveillais le matin en fantasmant qu’un inconnu débarque dans ta chambre en te pointant un fusil sur la tempe. Ça t’aurait évité de le faire toi-même. 

Tu veux bien croire que le suicide est une solution permanente à un problème temporaire. Que se passe-t-il quand le problème temporaire s’étale sur des années?

Les personnes qui composent ta vie sociale réagissent maladroitement ou s’effacent simplement. 

Quelque part entre le suicide et le mal-être, se trouve un endroit étouffant dans lequel tu n’es plus apte à raisonner. Tu demandes de l’aide et tu parviens à ouvrir que des portes aux pièces vides.

Ce vertige que tu éprouves avant de t’endormir… Tu essaies d’y voir plus clair, d’être proactive et de bien faire. Pourtant se dresse devant toi un immense mur de briques. Tu ne sais plus si ce sont les autres qui te tournent le dos ou si c’est toi qui es déjà parti loin sans eux. Tu as juste envie d’aller te cacher dans un coin et de manger de la pâte à biscuits. 

Ton cellulaire ne sonne presque plus.

Tu gardes en tête l’image d’un sablier grandeur humaine. Chaque grain de sable représente le positif dans ta vie. Ton sablier rempli à peine la plante des pieds. Tu regardes autour de toi et ta souffrance est étrangère à ce qui t’entoure. Tu ne trouves pas ce qui pourrait t’aider.

Cette phase que tu fais des choses pour te sentir mieux sans en ressentir les bienfaits sur-le-champ. Le retour du balancier prendra plusieurs mois à se faire sentir. Ça te conforte un peu quand tu apprends qu’il y a d’autres personnes qui éprouvent aussi un certain mal de vivre.

À un certain stade, tu deviens plus douce envers toi-même, le cycle des idées noires s’estompe tranquillement pour laisser place à un certain apaisement en alternance. Tu rames difficilement, pourtant cette fois-ci, ce n’est pas à contre sens. 

Tranquillement se dessine une spirale. Tu assistes au spectacle de l’humoriste Sam Breton, et tu réalises que la dernière fois que tu as ri aux éclats ainsi, ça remonte à des années. Vers la fin de son show, il aborde le suicide avec sincérité et délicatesse. Ça fait tellement du bien à entendre!

Certaines choses se tassent, d’autres pas.

Est-ce que tu serais en train de retrouver la toi d’avant, en mieux?

Tu portes attention au discours des personnes qui parlent de la semaine de la prévention du suicide et tu te dis que malgré leurs bonnes intentions, tu en parlerais autrement. 

Parce que c’est rarement à la hauteur de ta souffrance. 

Parle, parle, parle, dit-on. En fait, ça dépend, trouves-tu. Il me semble qu’il faut prendre le temps de bien choisir la personne à qui l’on se confie. Pourtant, dans ces moments-là, la disponibilité psychologique n’est pas à son plein pour faire le choix le plus éclairé.

En 2016, Biz, chanteur du groupe Loco Locass et auteur du livre Naufrage, écrit le récit bouleversant d’un parent qui oubli son bébé dans la voiture. En abordant ce fléau de société, il dit en entrevue : « J’ai l’impression que c’est un genre de symptôme d’une vie en tourbillon qui nous échappe complètement et qui serait peut-être temps de revoir à la lenteur ». 

Est-ce que ça pourrait s’appliquer au fléau du suicide songes-tu?

Tu détestes l’idée de mettre le suicide dans une case pour mieux la définir. Tu apprécies Marc-André Dufour, psychologue et auteur du livre : Se donner le droit d’être malheureux, qui soutient que les causes du suicide sont multifactorielles.

Il n’y a pas de conclusion. Que tu sois en larmes ou le regard vide, maussade ou indifférente, peu importe, viens avec moi. On va aller se promener au bord de l’eau. Je n’ai pas envie de parler ce soir, on va rester en silence.

Référence 24/7 Suicide Action Montréal 1 866 277 3553

Comment se suicider